Dossier Tournant de la rigueur (1982-1983)

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Articles

  • Monde en Question
  • 11/02/2012, Serge LEFORT, La dame de fer Film de Phyllida LLOYD, Monde en Question
  • 11/11/2010, LANGLET Denis, Contribution à l'état des lieux - « Situation des salariés en France », Denis Langlet
    Ce document de 30 pages dresse un état de la situation des salariéés à partir d'une série d'indicateurs tels que les effecifs par branches d'activité, les emplois détruits, le chômage, la situation des jeunes, la précarité, l'inflence de la taille des entreprises sur le niveau des salaires, la répartition des salariés par taille d'entreprises et selon la nature du contrats de travail, l'intensification du travail... Un deuxième volet traite de la dérèglementation depuis 1982.
  • 25/03/2010, Le PSU au gouvernement (1983), La Bataille socialiste
    Quand on connaît la nature et l’histoire du PSU on comprend mieux pourquoi il a finalement accepté de participer avec le PS à «une gestion "plus démocratique" (?) de la crise».
  • 14/01/2010, La justice sociale face au marché, Monde en Question
  • 11/01/2010, Serge LEFORT, Tournant de la rigueur, Monde en Question
  • 07/01/2010, Serge LEFORT, L’homme du 21 avril, Monde en Question
  • 07/01/2010, Lionel Jospin critique la "désinvolture" de Nicolas Sarkozy, Le Monde
    Est-ce par crainte de cette mélancolie que vous avez eu du mal à assumer en 1983 le tournant de la rigueur ?
    Mon livre montre au contraire que je l'ai accepté parce qu'il était la seule manière d'éviter la débâcle économique et financière. Quand j'ai évoqué "une parenthèse", c'était pour marquer qu'un ajustement n'est pas forcément une politique durable.
  • 15/12/2009, SAPIR Jacques, Depuis 30 ans, les revenus de la majorité des salariés ont baissé, ContreInfo
    La part des salaires est stable de 1955 à 1973, avant de connaître une amélioration sensible de 1974 à 1982. Ce mouvement cependant s’inverse dès 1983 (effets du plan Delors) et le premier septennat de François Mitterrand apparaît ainsi marqué par une forte dégradation de la part des salaires, qui passe en dessous de sa moyenne de la période 1955-1973. Le choc est d’importance, puisque l’on passe d’une part des salaires dans la valeur ajoutée de 74% à 65%.
  • octobre 2009, BOURGOIN Nicolas, Mouvements économiques et criminalité : quelques pistes de réflexion, Champ pénal / Penal field Vol.VI, nouvelle revue internationale de criminologie
    Que signifie une corrélation chronologique significative entre détérioration économique et niveau de criminalité sanctionnée ? Que le chômage est un facteur de délinquance ou que la répression pénale s’accroît pendant les périodes de récession ? Optant pour le second terme – sans toutefois négliger le premier – sur la base de travaux méthodologiques récents, nous montrons que le chômage masculin et le taux de détention ont suivi des évolutions parallèles entre 1975 et 2009 et que les chômeurs sont surreprésentés chez les entrants en prison. La répression pénale, qui touche prioritairement les catégories sociales défavorisées, s’accroît en période de récession. L’État paternaliste remplace l’État « maternaliste » comme le montre la corrélation significative entre détention et inégalités sociales. Le contrôle social s’est durci depuis 1975, parallèlement à la crise économique, l’État tirant de plus en plus sa légitimité du pénal au détriment du social. Cette évolution idéologique, qui s’accélère depuis 2002, renforce le rôle propre du facteur économique et conduit alors à une explosion de l’effectif annuel des incarcérations.
  • 16/05/2009, Une règle de trois anticapitaliste, l'Humanité
    Sous l’effet du développement économique pendant les Trente Glorieuses et des luttes sociales, la part salariale avait atteint 69,5 % en 1973, c’est-à-dire avant que ne soient sensibles en France la chute de la rentabilité du capital et donc la crise structurelle du capitalisme qui s’en était suivie. Ensuite, la crise capitaliste avait provoqué la hausse de la part salariale jusqu’à 75 %, mais cette phase n’avait duré que très peu de temps, puisque le tournant de la rigueur salariale avait rapidement restauré les profits, ramenant la part salariale au niveau très bas qu’elle n’a plus quitté.
    Chiffres : 1970 = 63,7% - 1975 = 67,6% - 1980 = 68,3% - 1985 = 65,2% - 1992 = 60,7% - 1997 = 59,7%
    Sources: Problèmes économiques, n°2368-2369, 29-30 mars 1994, et L'économie française, édition 98-99, INSEE
  • 03/05/2009, CHAVIGNÉ Jean-Jacques, RUSCASSIE Pierre, Individualité, citoyenneté et marché
    - I. Individualité et solidarité contre l'élitisme, Démocratie & Socialisme
    La tentation de céder à cette pression est d’autant plus forte que les convictions se sont émoussées pour ceux qui, en 1983, ont accepté d’abandonner leurs croyances dans les mesures keynésiennes qui avaient assuré la croissance des 30 glorieuses, pour adopter le tournant de la rigueur inspiré du néolibéralisme. Les défaites intellectuelles, pas davantage que les autres, ne sont porteuses ni de perspicacité ni de combativité.
    - II. La citoyenneté, la nation et le peuple, Démocratie & Socialisme
    - III. Le marché et la démocratie, Démocratie & Socialisme
  • 31/03/2009, Protectionnisme / Libres échanges, Blogs du Diplo
    Le débat de 1981-1982 qui a aboutit au « tournant » imposé par Jacques Delors qui a conduit à une inflexion brutale dans le partage de la valeur ajoutée a justement opposé ceux qui souhaitaient plus de protection (par des droits de douane et une dévaluation plus agressive du franc) et ceux qui défendaient une ouverture commerciale et la politique du franc fort. La question du déficit commercial, autrement dit des conditions de gestion du commerce international, a été l’instrument central du tournant des années 1980 en France. Cette question est un instrument à la fois d’un point de vue idéologique (la « contrainte extérieure » venant justifier la politique de « rigueur ») et d’un point de vue macroéconomique (la hausse brutale du chômage induite par la tragique politique de Jacques Delors permettant le basculement des normes de la relation salariale).
  • 23/02/2009, Le Parti socialiste, parti de proximité sans idées, Comptoir des politiciens
    - LE GOFF Jean-Pierre, La Barbarie douce, La Découverte, 1999 et 2003
    - MICHAELS Walter Benn, Liberté, fraternité... diversité ?, Raisons d'agir, 2009 [Monde en Question]
  • 20/02/2009, Touchez pas aux profits !, Le Monde diplomatique
    La part des salaires augmente lentement de 1960 à 1970, passant de 66,3 % à 69,7 % de la valeur ajoutée brute ; puis elle grimpe plus rapidement (notamment après les hausses de 1968) pour atteindre 74,1 % de la valeur ajoutée en 1982. Après le tournant de la rigueur de 1983, elle chutera à 63,5 % en 1998, avant de remonter très légèrement depuis.
  • 05/12/2008, MAUROY Pierre, La volonté et la passion - Hommage à Pierre Bérégovoy, Institut François Mitterrand
    Très actif, il développera et renforcera les relations avec les organisations syndicales. Cette action, que nous avons conduite ensemble, nous permettra de faire des réformes d’une ampleur sans précédent depuis le Front Populaire et de gagner le tournant de la rigueur sans une opposition résolue des organisations syndicales.
  • 17/11/2008, TERNISIEN Thierry, PS : le choix entre la clarification ou la poursuite de la confusion, Mediapart
    En confortant la ligne qui depuis 1983, et le tournant de la rigueur, a conduit le PS et, plus largement la Gauche, dans l’impasse actuelle : discours à gauche, politique au centre voire à droite. Un long billet ne suffirait pas à dresser la liste de tous les actes qui de 1983 à 2002 prouvent la réalité de cette posture et de cette imposture.
  • 17/11/2008, TERNISIEN Thierry, PS : encore un effort, vous pouvez faire pire !, Mediapart
    En confortant la ligne qui depuis 1983, et le tournant de la rigueur, a conduit le PS et, plus largement la Gauche, dans l’impasse actuelle : discours à gauche, politique au centre voire à droite. Un long billet ne suffirait pas à dresser la liste de tous les actes qui de 1983 à 2002 prouvent la réalité de cette posture et de cette imposture.
  • Novembre 2008, MAGNIN Blaise, Variations « de gauche » sur le libéralisme, Le Monde diplomatique
    Le sociologue Alain Touraine (qui s’entretient avec Mme Royal), Laurent Joffrin, le président-directeur général de Libération (qui interroge M. Delanoë) et le sociologue Jean Viard (interlocuteur de Mme Aubry) ont tous été des militants actifs de la « deuxième gauche », courant d’abord incarné par M. Michel Rocard, qui prônait dès la fin des années 1970 la conversion au « réalisme » économique, et dont les principales options furent reprises avec le tournant de la rigueur de 1983, puis s’imposèrent progressivement à la quasi-totalité du parti.
  • 29/06/2008, ALLIÈS Stéphane, Les quatre crises de la social-démocratie européenne, Mediapart
    Selon elle [Noëlle Burgi], face au «contexte de reflux des dynamiques syndicales et collectives, marqué par la grève des contrôleurs aériens aux Etats-Unis en 1981 et celle des mineurs britanniques en 1984-85 ["brisées" par Reagan et Thatcher], mais aussi par "le tournant de la rigueur" des socialistes en 1983 en France», la gauche de gouvernement s'est résolue à intégrer «la gouvernementalité libérale».
  • 22/05/2008, MICHEL Johann, Peut-on parler d’un tournant néo-libéral en France ?, Sens Public
    Le revirement survient, à partir du fameux tournant de la rigueur de 1983, du camp socialiste lui-même, du moins d'une partie de ses membres. Cependant, comme l'ont bien montré Bruno Théret et Bruno Jobert [Le tournant néo-libéral en Europe, L'Harmattan, 1994], cette transition vers le néo-libéralisme, aussi brutale soit-elle, est le produit d'une mue progressive dans les esprits qui s'est amorcée au milieu des années 70, du moins au sein d'une partie de la gauche (chez des hauts fonctionnaires, dans les réseaux d'expertises et de recherches économiques à l'ENA, à l'ENSAE, à la DP, à l'INSEE).
    [...]
    Depuis le tournant de la rigueur de 1983, la poursuite de la politique de la rigueur monétaire et budgétaire sous le gouvernement Fabius, aucun gouvernement en France n'a tenté de mettre en œuvre une nouvelle contre-inflexion néo-libérale ; les gouvernements de gauche au pouvoir (de Rocard à Jospin), tantôt accélérant les réformes néo-libérales (privatisations, adhésion à la politique monétariste de bruxelles...), tantôt aménageant ces réformes dans un souci de plus grande justice sociale (RMI, loi sur les 35 heures, CMU...). Mais en adhérant progressivement aux principes de l'économie de marché, en soutenant des politiques européennes d'inspiration monétariste, sous l'influence décisive de Mitterrand, de Delors et de Rocard, d'experts hauts fonctionnaire comme Jacques Attali, le Parti Socialiste Français réalise à partir du milieu des années 80 le tournant néo-libéral que le SPD allemand avait opéré en 1959 lors du congrès de Bad-Godesberg.
  • Mai 2008, ROUX Mathias, Du pain, des jeux et des milliardaires, Le Monde diplomatique
    En diffusant le documentaire « La saga des faiseurs de fric », le 26 mai 1983, Antenne 2 (ex-France 2) lançait la vogue des portraits de patrons « décomplexés ». M. Bernard Tapie, un quadragénaire repreneur d’entreprises, y tenait le premier rôle. Le tournant de la rigueur était amorcé.
  • 07/04/2008, FRESSOZ Françoise, Comment réussir le tournant de la rigueur, Les Échos
    François Mitterrand n’a jamais assumé le tournant de la rigueur mais il l’a bel et bien pris. La gauche en a tiré la possibilité d’exercer durablement le pouvoir, alors qu’elle vivait dans la hantise de ne pas durer plus longtemps que le Front populaire. Mais elle a aussi perdu des plumes dans son incapacité à assumer son virage : elle a laissé se développer un discours sans rapport avec ses actes. D’une certaine façon, elle a trompé son électorat et favorisé la montée des extrêmes.
  • 07/04/2008, Mitterrand, Chirac, Sarkozy : la rigueur après l'élection, Politique.net
    Pendant les premières années de son mandat, François Mitterrand a appliqué une grande partie du programme commun de la gauche en réalisant d'importantes réformes sociales au bénéfice du salarié : semaine de 39h, congés payés, augmentation des salaires. Mais dès 1983, les comptes publics étant dans le rouge, le gouvernement de Pierre Mauroy a été contraint de changer de politique : dévaluations, blocage des prix et des salaires, c'est le tournant de la rigueur.
  • Avril 2008, PINTO Louis, Qui évaluera Jacques Attali ?, Le Monde diplomatique
    Faut-il évoquer le rôle de l’ancien conseiller du président Mitterrand dans l’émancipation des couches populaires, le renforcement politique du Parti socialiste, ou, au contraire, son rôle dans le tournant de la rigueur de 1983, l’abandon des dogmes à coloration étatiste, dirigiste, marxiste ?
  • 07/03/2008, Mitterrand : de l'Etat de grâce au tournant de la rigueur (1981-1986), Politique.net
    En juin 1982, le Premier ministre lui force la main pour obtenir l’accord présidentiel pour les mesures de rigueur consistant en un blocage des prix et des salaires. On estime à 3% la baisse du pouvoir d’achat à cette époque. François Mitterrand, poussé par Jacques Delors et Pierre Mauroy doit changer de stratégie et se plier, contraint et forcé, à leur constat et à leur solution. A l'été 1982, l’équipe du gouvernement est de nouveau remaniée. Pierre Bérégovoy quitte son poste de secrétaire général de l’Elysée pour devenir ministre des Affaires sociales. Jean-Louis Bianco, introduit en politique par Jacques Attali, prend sa place.
    [...]
    En mars 1983, Pierre Mauroy mène la campagne pour les élections municipales. Mais au lendemain des résultats, les socialistes essuient un cuisant échec : l’opposition reprend plus de trente grandes villes. Jacques Chirac remporte la mairie de Paris. Face aux résultats, François Mitterrand doit prendre des décisions concernant l’économie. Les partenaires européens réclament un redressement de la situation. Il hésite alors à prendre des distances avec le système monétaire européen ou se plier aux exigences de la communauté. Finalement, ses différents conseillers parviennent à le convaincre que si la France quitte l’Europe elle devra faire preuve d’une plus grande rigueur et connaîtra des difficultés plus graves encore. Dès lors, François Mitterrand met en place des mesures économiques drastiques. Le franc est dévalué de 8% par rapport au Mark pour réduire le déficit commercial et ramener l’inflation à 5% d’ici la fin de l’année.
    [...]
    Avec la construction de l’Europe et ses exigences économiques, la France doit subir des restructurations industrielles. Dans le Nord comme un peu partout sur le territoire, de nombreuses entreprises ferment. La rigueur impose plus de compétitivité et de rentabilité. En contrepartie, le chômage ne cesse d’augmenter.
  • Mars 2008, DENORD François, Et la droite française devint libérale, Le Monde diplomatique
    L’année 1983 ne scelle pas seulement la conversion au marché de la gauche de gouvernement. Elle entérine aussi le basculement libéral du mouvement gaulliste. Adepte du « dirigisme », le fondateur de la Ve République avait louvoyé entre l’Etat et le marché. Jusqu’en 1981, le principal parti de la droite revendiqua un interventionnisme que M. Nicolas Sarkozy tente de ressusciter - dans les discours.
  • 27/02/2008, Municipales : les conséquences des précédentes défaites du pouvoir exécutif (1976 et 1983), Politique.net
    Au lendemain de cette défaite [mars 1983], le Premier ministre Pierre Mauroy a été reconduit dans ses fonctions mais mena une politique de rigueur, mal vécue par la population : réduction des déficits par une augmentation de la taxe sur les carburants, réduction des dépenses et hausse des tarifs des entreprises publiques (RATP, SNCF, EDF), etc.
  • 11/02/2008, La lutte contre l'inflation crée le chômage, Outils critiques
    Jacques Delors : A ce moment là (1983), nous étions pris entre 2 alternatives. La première était de relancer à nouveau l'économie, mais nous l'avions fait une première fois, ça ne marchait pas. Ni le climat international, ni l'environnement psychologique des entrepreneurs ne le permettait. Ou bien d'aller jusqu'au bout de la politique de rigueur. En allant jusqu'au bout de la politique de rigueur, je savais que le taux de chômage continuerait à monter encore pendant quelques années.
    Marcel Rigout : Il faut bien comprendre les choses, on ne pouvait pas continuer à mener une bataille prioritaire sur le chômage en même temps que la bataille sur le commerce extérieur et contre l'inflation. A partir de là, tous les efforts que nous pourrions faire étaient annulés par des mesures que vous connaissez, la casse dans beaucoup de secteurs. A partir de là, les deux millions de chômeurs ont été atteints, dépassés et ça a continué à grimper.
  • 03/01/2008, GUÉRIN Julien, Histoire de la gauche du Parti Socialiste Les années 70 et 80 : Le CERES et les popérénistes, Démocratie & Socialisme
    Lorsque le gouvernement décide le blocage des prix et des salaires en faisant le choix de l’adaptation libérale et non de la transformation sociale, le CERES et les poperénistes sont placés face à leurs reponsabilités. Ce choix de la rigueur n’enchante guère les deux courants, Chevénement démissionne en avril 1983 en désaccord avec la nouvelle ligne politique qui tourne le dos aux prommesses de 1981 tandis que les porénénistes dénoncent dans leur bulletin « l’insatisfaction du peuple de gauche »....cependant lors du congrés d’octobre 1983 à Bourg en Bresse ils signent tous les deux la motion majoritaire de Jospin validant ainsi la théorie de la « paranthése libérale » toujours ouverte 25 ans plus tard.
  • 25/11/2007, Monde du travail et communisme, l'Humanité
    Cette période ouverte, en France, dans les années 1960 avec un communisme stalinien, en rupture avec les idéaux de la révolution de 1917, et en déclin dans le monde s’est traduit particulièrement à partir de la fin des années 1970, début des années 1980 par une crise « d’identité de la gauche et du parti communiste ».
    Cette crise d’identité touche à la conception, au contenu, au sens, de la mise en œuvre des fondamentaux dans cette période. D’autant que le déclin du « socialisme réel », l’offensive de l’impérialisme américain, les mutations mondiales des forces productives ont impactées ses grandes valeurs.
    La gauche dans cette période n’a pas pu ou pas voulu être plus sociale, démocratique, en faveur du monde du travail. La gauche a progressivement répondu plus ou moins aux sollicitations, aux idées du libéralisme, du patronat, aux pressions de l’Europe et du monde des affaires.
    Pouvons nous, pour en tirer toutes les leçons, sans aucune revanche, passer sous silence la réalité des faits, mais surtout les dégâts, les conséquences dans les consciences, les comportements, de l’émergence du FN ; du tournant de la rigueur en 1983, des privatisations, du refus du politique à régenter l’économie, de l’inversion du quinquennat, du « oui » sur l’Europe, de la participation actuelle d’hommes de gauche aux projets pilotés par Sarkozy ?
    Le parti communiste a été de moins en moins le parti du travail, de la révolte et de la révolution. La stratégie programmatique et délégataire au cœur de sa participation et solidarité gouvernementale en 1982, et 1997 a contribué à édulcorer cette identité et culture communistes.
  • 26/09/2007, JOFFRIN Laurent, En finir avec les grands écarts entre les textes et les actes, Parti socialiste
    Si bien qu’après 1981, je fis retour sur ces années trop idéologiques qui furent, on le sait bien, démenties au pouvoir au moment du « tournant de la rigueur » de 1983, comme elle seraient démenties plusieurs fois ensuite par d’autres gouvernements socialistes. L’écart entre les mots des années 70 et les choses des années 80 coûta cher à la gauche. Peu de choses, au fond, ont vraiment changé. Les socialistes, continuent, moderato cantabile, de pratiquer le grand écart entre les textes et les actes,les motions de congrès et les décisions de gouvernement.
  • 14/09/2007, Guillaume BACHELAY : « Se moderniser sans se droitiser », l'Humanité - Reconstruire la gauche
    Ségolène Royal est l’ultime étape d’un lent processus d’acception de la victoire idéologique, économique et finalement politique du libéralisme. Du tournant de la rigueur en 1983 à la défaite de 2007, en somme, la boucle est bouclée !
  • 31/08/2007, Eloge de la rupture, Blog Julien Sansonnens
    Bien qu’élu sur un programme de rupture avec le capitalisme, Mitterand amorcera en 1983 le fameux « tournant de la rigueur », annonçant la conversion de la gauche au capitalisme et à l’économie de marché, et son abandon de tout projet de changement social. A partir de ce moment, le parti socialiste français entendra agir en faveur d’un capitalisme laqué d’un mince vernis social, vernis dont ne s’encombre pas la droite libérale. Dès Mitterand, les dirigeants de « gauche » des quatre coins de la planète s’appliqueront avec zèle à inculquer dans les esprits les « dures mais justes » lois du marché, les « contraintes de la mondialisation » et la soumission à l’ordre capitaliste en général. Une mondialisation libérale aux airs de « marchés déchaînés », sans que jamais personne n’explique que gauche et droite, ensemble, ont brisé les chaines en toute connaissance de cause. On ne répètera jamais assez combien Mitterand, et la sociale-démocratie en général, ont contribué à la chute de la gauche et à l’hégémonie idéologique libérale. Des sociaux-démocrates qui parviendront d’autant plus facilement à faire avaler la pilule capitaliste au peuple qu’aux yeux des couches sociales qu’ils prétendent défendre, ils bénéficiaient encore d’une certaine légitimité. Aujourd’hui, le résultat est partout le même: les couches populaires et modestes abandonnent ou ont abandonné un parti socialiste ayant perdu une bonne partie de sa crédibilité dans sa conversion droitière.
  • Juin 2007, RZEPSKI Grégory et SCHWARTZ Antoine, A Gauche l’éternelle tentation centriste, Le Monde diplomatique
    [...] le « tournant de la rigueur » a eu lieu, rapprochant, sur le fond, socialistes et centristes. En juin 1984, l’éditorialiste de centre droit Alain Duhamel peut féliciter le chef de l’Etat du chemin parcouru : «De 1981 à 1984, François Mitterrand a effectué un impeccable quart de tour à droite idéologique.»
    [...]
    Loin d’avoir été seulement victime d’une révolution conservatrice, le PS s’en est fait l’instrument. «Les glorieuses années 1980, rappelle par exemple l’économiste Frédéric Lordon, ont été celles de la grande conversion économique. 1983 : le tournant de la rigueur et sa parenthèse jamais refermée ; 1984 : la nouvelle vocation des entreprises nationalisées , c’est de faire du profit comme les autres ? c’est-à-dire de finir privatisées ; 1986 : l’Acte unique ? l’Europe sera un grand marché ou ne sera rien ; quant aux Etats, ils se soumettront au droit européen de la concurrence libre et non distordue ; 1986 encore : la déréglementation financière ? c’est la Bourse, donc c’est moderne et vivifiant.» Les années 1990 ont prolongé un tel bilan, «de la monnaie unique façon Delors à l’actionnariat salarié façon Fabius, en passant par les privatisations Jospin et les stock-options Strauss-Kahn».
  • 17/05/2007, BACHELAY Guillaume, La face cachée du socialisme, Le Figaro
    La vérité, c’est que, depuis le tournant de 1983, chaque socialiste est un contorsionniste. Que nous ayons ou non vécu les deux ans qui l’ont précédé, nous ne nous sommes jamais remis du tournis de l’alternance : le vent chaud du changement, l’eau tiède de la pause, au final la douche froide de la rigueur.
    [...]
    De guerre lasse et la tête basse, la France rejoignit alors le club des nations converties au libéralisme, renonçant à l’État producteur, célébrant l’initiative privée, pratiquant la rigueur salariale et la baisse des prélèvements. On sauva le gouvernement, pas le changement. Bien sûr, pas question de tenir le langage abrupt de l’adaptation ! Ainsi naquirent « la parenthèse de la rigueur », « la société d’économie mixte » puis le « ni-ni ». Plus tard, on parla d’« ouvertures de capital » pour ne pas dire privatisations. Certes, bazarder des décennies de luttes et hypothéquer les réformes sociales sur l’autel de « la rupture avec le capitalisme » était un choix périlleux. Encore aurait-il fallu en débattre collectivement, en mesurer les effets réellement et assumer publiquement.
  • Avril 2007, HALIMI Serge, Quand la gauche de gouvernement raconte son histoire, Le Monde diplomatique
    La sempiternelle question des revirements de la gauche, celle aussi de sa droitisation liée aux « contraintes européennes », au bouleversement de sa sociologie électorale, sont indissociables d’une réflexion sur l’exercice monarchique du pouvoir. Il transforma le Parti socialiste (PS) en théâtre d’ombres où on s’affronte beaucoup, mais plus souvent sur les personnes que sur le fond des politiques (le congrès de Rennes de 1990, qui vit l’affrontement violent de deux mitterrandistes, MM. Jospin et Fabius, demeurera un modèle du genre), et il métamorphosa ses militants en supporteurs d’une écurie présidentielle, voire en porteurs d’eau des derniers arbitrages de l’exécutif.
  • 05/03/2007, Vers une droitisation de la société et de la politique, l'Humanité
    Depuis 1983, l’année dite du « tournant » de la rigueur, qui inaugure l’acceptation par les socialistes de l’économie de marché, c’est-à-dire « la soumission aux faits économiques », et le passage du socialisme de production et de propriété à la social-démocratie, la société française et les partis politiques français ont commencé à se droitiser.
  • 01/03/2006, ARGOUL, Le tournant de la rigueur, mars 1983, Blog fugues & fougue - AgoraVox
    Dès le 24 mars, le plan de rigueur de Delors est adopté en Conseil des ministres : baisse du déficit budgétaire, hausse des taxes sur la vignette auto, l’alcool et le tabac, hausse du forfait hospitalier et de l’essence, hausse des tarifs EDF, GDF et SNCF, emprunt forcé, baisse des stocks pétroliers, contrôle des changes et instauration d’un carnet de change aux devises limitées à 2000 francs pour chaque touriste français se rendant à l’étranger… Ces mesures sont de l’ordre de 2% du PNB selon Attali, « on reprend ce qu’on avait donné en juin 1981 » ; Lacouture marque que cette reprise est presque du double. [...] Le Président parle de « rigueur socialement juste », le Premier ministre de mesures « rudes mais transitoires », le Premier secrétaire du PS (Lionel Jospin) de « parenthèse ». Raymond Barre approuve, le franc tient, l’Assemblée vote la confiance. Selon Jacques Attali : « la rigueur n’est pas une parenthèse ; c’est une politique ».
  • 2006, BARBONI Thierry, Ressorts du discours socialiste lors du « virage de la rigueur », Nouvelles FondationS n°2 - Fondation Gabriel Péri
    Mars 1983, face aux impératifs économiques, un nouveau plan de rigueur est adopté, prolongeant celui de juin 1982. La rigueur est décidée et, sous la houlette de F. Mitterrand, le Parti socialiste décide de se conformer aux impératifs gestionnaires en vigueur. Les décisions de mars 1983 signent un renversement total de la politique économique socialiste. Loin du lyrisme et de la politique expansionniste décidée tous azimuts au début du septennat, le PS embraye derrière son président et enterre « l'autre politique ». [...] la réception de cette politique par le Parti socialiste ne laisse pas d'interroger quant à la capacité de ce parti d'assumer un choix économique aux conséquences politiques douloureuses.
    Article esssentiel sur le "Bad-Godesberg rampant" et sur la soumission au gouvernement du parti dirigé par un Lionel Jospin - parti pensé "comme un relais vers l’opinion des décisions gouvernementales".
  • 2005, ABDELAL Rawi, Le consensus de Paris : la France et les règles de la finance mondiale, Critique internationale n°28
    La discussion au sein de l'équipe Mitterrand sur la manière de réagir à la crise économique de plus en plus grave des premiers mois de 1983 apparaît rétrospectivement aussi comme une lutte pour l'âme du socialisme français. À en croire de nombreux récits, elle fut très rude et son issue était incertaine. D'un côté, il y avait le Premier ministre Pierre Mauroy et le ministre des Finances Jacques Delors, qui prônaient l'austérité financière (la « rigueur ») et la solidarité européenne, arguant que les partenaires de la France au sein du Système monétaire européen (SME) n'accepteraient pas une nouvelle dévaluation du franc et que laisser flotter celui-ci détruirait, peut-être à jamais, la coopération monétaire européenne. La position de leurs opposants, qui consistait à fermer les marchés, laisser flotter le franc et rejeter les contraintes du SME, reçut le nom d'« autre politique » (ou « solution albanaise »). [...] Le choix de l'Europe et l'acceptation des contraintes du SME constituaient donc une rupture radicale pour le pays, et encore plus pour la gauche.
    C'est le ministre des Finances Jacques Delors – membre éminent de cette élite financière et administrative française installée à la Banque de France et au Trésor, et qui ne cachait pas ses penchants orthodoxes en dépit de son appartenance au Parti socialiste – qui fut l'architecte de la rigueur. Mais il n'aurait pas pu gagner seul la bataille au sein du parti. Il fut rejoint par le ministre du Budget (et protégé de Mitterrand) Laurent Fabius et par le ministre des Affaires sociales Pierre Bérégovoy. L'un et l'autre avaient d'abord prôné « l'autre politique », et c'est en grande partie parce qu'il avait réussi à les convaincre que Delors a pu amener Mitterrand à choisir l'Europe et l'austérité.
    Lire aussi : Capital Rules - The Construction of Global Finance
  • Juin 2005, HALIMI Serge, Quand la gauche renonçait au nom de l’Europe, Le Monde diplomatique
    Après 1983, le projet de « rupture avec le capitalisme » est mis en bière. Comme au temps des années 1950, la « construction européenne » lui sert d’utopie de rechange. Cependant, en raison du cours ouvertement libéral et libre-échangiste qu’elle a désormais emprunté, le virage de la « rigueur » ne peut pas seulement représenter le refuge d’une stratégie socialiste en position de faiblesse. Il doit devenir le prélude à son abjuration définitive. Nombre des instruments nationaux forgés dans le passé par la gauche française afin d’équilibrer la puissance du capital (contrôle démocratique de la politique monétaire, de l’investissement, rôle des services publics) seront d’ailleurs détruits par elle sur l’autel du grand marché.
  • 23/04/2005, Le PS, cent ans et toutes ses divisions, Libération
    1983, donc, cause de tous les maux d'aujourd'hui. «La question de la refondation est ouverte depuis 1983», rappelle John Crowley. «Il faut revenir à 1983», considère aussi Mongin. «La question centrale, c'est qu'il y a vingt ans que le virage est pris, mais que personne ne veut le voir.» Ainsi, depuis cette date, le PS a accepté les contraintes de l'économie de marché et la confrontation avec la mondialisation en continuant de «fantasmer sur la survivance d'une société industrielle classique qui pourtant se décompose». Pour Grunberg, «toute la théorie de la parenthèse de 1983 a utilisé l'Europe pour se détourner du mythe de la rupture».
  • 15/04/2005, Les nouvelles noces du social et du politique, l'Humanité
    1981 , puis le « tournant de la rigueur », la pédagogie du renoncement, le mur de l’argent encore, tandis qu’au loin, mais en réalité si près, trop près des communistes français qui l’ont payé au prix fort, le socialisme « réel » se dissout à jamais dans la chute du mur.
  • 11/04/2005, Ombres et lumières socialistes, l'Humanité
    l'Humanité : 1936, 1945, 1968 constituent de grands moments de progrès social pour le monde ouvrier. Ce n’est pas le cas de 1981 ni des années qui suivent. Ce monde ouvrier a pris des coups terribles et perdu sa visibilité dans la société. Comment l’expliquez-vous ?
    Claude Estier : Il y a quand même eu des réformes socialistes dans les débuts du premier septennat Mitterrand, qui me semblent en continuité avec les réformes du Front populaire ou de la Libération. Ensuite s’est développée une conjoncture internationale qui a considérablement freiné les possibilités d’application du programme de la gauche de l’époque. Jusqu’en 1984, le PCF était d’ailleurs au gouvernement. Ce qu’on a appelé « le tournant de la rigueur » a pu sensiblement freiner les aspirations nées de mai 1981. Mais qu’appelle-t-on monde ouvrier ? Nous ne sommes plus en 1936 ni à la Libération…
  • 21/03/2005, STASSE François, 1983 : affronter la crise, Institut François Mitterrand
    Il était évident que ce qu’on a appelé le « tournant de la rigueur » en mars 1983 n’était pas la poursuite de la même politique sous une autre forme, contrairement à ce que le discours officiel a dit, mais un véritable tournant.
    Je n’ai rien à ajouter sur le rôle déterminant du Premier ministre, Pierre Mauroy, qui, au moment du choix crucial, a dit au Président que, si l’ « autre politique » était mise en oeuvre, ce serait sans lui. Compte tenu du lien personnel qui unissait Mitterrand et Mauroy, la détermination de ce dernier était essentielle. La conversion de la gauche française à la modernité économique doit beaucoup au courage de cet homme de la France industrielle du Nord. Ses racines sociologiques auraient pu le conduire à des réflexes protectionnistes, ce qui aurait précipité le déclin de la France et de la Gauche. Il n’a pas cédé aux premiers vents du souverainisme. Si le Parti socialiste est aujourd’hui la seule force d’alternance sur l’échiquier politique français, comme ses homologues le sont dans toutes les autres grandes démocraties, c’est en bonne part à la clairvoyance de Pierre Mauroy en cette circonstance qu’il le doit.
    Il faut citer aussi, bien sûr, le combat opiniâtre du ministre de l’Économie et des Finances, Jacques Delors, qui a défendu avec toute sa compétence l’opinion de Pierre Mendès-France qu’un grand pays ne peut pas avoir des comptes qui s’abandonnent. Il était dans une position difficile, d’abord parce que tous les ministres se liguent toujours contre celui qui tient les cordons de la bourse, ensuite parce qu’ayant combattu Rocard au congrès socialiste de Metz en 1979, il était censé soutenir la ligne majoritaire du PS qui avait accouché du programme économique inadapté de 1981. Mais il savait bien que, sur le plan des choix économiques à opérer, c’est Rocard qui, dès le début, avait raison. Delors a donc, dès que cela a été politiquement possible, c’est-à-dire à l’automne 1981, plaidé pour une politique économique plus rigoureuse. C’est cette politique qui sera définitivement actée en mars 1983.
    Ces deux hauts responsables politiques se sont appuyés sur le travail de plusieurs conseillers de grande qualité, qu’il est impossible de citer tous ici. Je soulignerai seulement, auprès du Premier ministre, l’influence de Jean Peyrelevade, Henri Guillaume, Daniel Lebègue et Hervé Hannoun, ainsi que de celle, auprès du ministre de l’Économie et des Finances, de Philippe Lagayette, Pascal Lamy, Isabelle Bouillot et Jérôme Vignon. Il faudrait aussi citer le rôle de Laurent Fabius, jeune ministre du Budget, qui avait, on le sait, l’oreille du Président, ainsi que celui de ses conseillers, Louis Schweitzer et Patrick Ponsolle. Le travail de toutes ces équipes a pesé dans la balance, notamment parce qu’ils étaient tous du même côté de la frontière qui séparait l’ « autre politique » de celle qui a été choisie en mars 1983. Il faut dire que c’était également le cas des conseillers économiques du Président, qui, à l’exception d’Alain Boublil, conseiller pour les questions industrielles, étaient tous partisans de ce que l’on a appelé la « politique de rigueur ». Il s’agissait de Christian Sautter, secrétaire général adjoint de l’Élysée, Élisabeth Guigou, conseillère pour les questions économiques internationales, et de moimême. Notre point de vue était partagé par les deux plus proches collaborateurs du Président, Jean-Louis Bianco, secrétaire général, et Jacques Attali, conseiller spécial. Je pense que le fait que ses principaux conseillers dans ce domaine aient plaidé pour la même orientation a été d’une certaine importance.
  • 09/12/2004, L'éthique conservatrice et l'esprit du réformisme, l'Humanité
    Avec le tournant de la rigueur de 1983, la gauche a perdu son intelligence du social. Quant à sa dernière tentative de réforme d’envergure, celle des 35 heures, elle n’a fait qu’accroître le divorce avec le salariat populaire en détériorant les conditions de travail. Elle a pesé lourd dans la défaite de 2002.
  • automne 2004, DUCHÊNE Laurence, Les tourments de la rigueur, Vacarme n°29
    En 1984, le tournant de la rigueur de 1982-83, censément provisoire, est en effet définitivement entériné : la politique de relance de Mauroy, qui reposait sur l’augmentation du SMIC et des revenus de transfert et sur le soutien à la consommation, constitue désormais un idéal-type de l’échec des politiques keynésiennes de lutte contre la crise dans le contexte d’une économie internationalisée (à l’époque, on ne parle pas encore de mondialisation). Autrement dit, non seulement le renversement du capitalisme n’est plus au goût du jour depuis longtemps, mais même son aménagement volontariste et étatique apparaît dorénavant impossible sinon dans le rêve d’une révolution mondiale ; dès lors, les communistes quittent le gouvernement, Laurent Fabius devient Premier ministre, et il ne sera plus question ni de nationalisation, ni de politique explicitement anti-patronale, ni d’éradication définitive du chômage. Quant à la gauche intellectuelle, elle va se déchirer apparemment en deux tendances -ceux qui crieront à la trahison, soit en conspuant tout économisme pour les non-économistes, soit en fuyant vers la gauche morale ou l’extrême-gauche pour les économistes ; et ceux qui dorénavant se tairont, soit en détournant le regard pour les non-économistes, soit en fuyant vers la théorie pour les économistes. Mais en réalité, tous ne feront peut-être que communier sans fierté dans un même renoncement -sur le fond, ni les uns ni les autres n’ayant vraiment d’idées pour surmonter cette impasse d’une politique nationale face à la dite « contrainte extérieure » - comme si dénégation ou refoulement s’avéraient ici des moyens de défense aussi impuissants l’un que l’autre pour contrer cette gifle du réel : non, il n’y a plus de modèle alternatif en économie.
  • automne 2004, MATONTI Frédérique, Marche, arrêt, Vacarme n°29
    En 1983, François Mitterrand est au pouvoir depuis deux ans déjà. Si le tournant de la rigueur n’est encore qu’amorcé (bien amorcé néanmoins), un certain nombre de propositions du candidat socialiste ont été progressivement abandonnées, à commencer par le droit de vote des immigrés aux élections municipales.
  • automne 2004, BURGI Noëlle, La grève défaite, Vacarme n°29
    1er mai 1984 : le gouvernement Thatcher annonce la fermeture de la mine de Cottonwood, dans le Yorkshire. La grève que les mineurs engageront quatre jours plus tard durera un an - mais la trouée ouverte par son échec dans les lignes du mouvement ouvrier et des organisations syndicales ne se refermera plus. À travers elle, le paradigme néo-libéral pourra s’engouffrer et s’étendre aux dimensions du monde. Retour sur une stratégie, et chronologie d’un désastre.
  • automne 2004, JUHEM Philippe, Politique et intelligence depuis 68, Vacarme n°29
    C’est seulement dans un second temps que la pratique gouvernementale de la gauche suscitera déception puis mécontentement, ce qui contribuera à l’affaiblissement de sa capacité à susciter l’engagement. Ce découragement militant s’amplifiera après le « tournant de la rigueur » qui verra les dirigeants socialistes adopter la politique et les discours publics qu’ils dénonçaient dans l’opposition. Ce contre-pied politique et idéologique se traduira après 1988 par une nette désaffection pour le PS des catégories salariées et ouvrières qui constituaient depuis 1968 une part essentielle de ses électeurs.
  • 2004, HATZFELD Nicolas, LOUBET Jean-Louis, Les conflits Talbot, du printemps syndical au tournant de la rigueur (1982-1984), Vingtième Siècle n°84
    Les systèmes Simca et Citroën s’effondrent lorsque l’État leur retire son soutien, soucieux de renforcer l’expression des salariés dans leur entreprise. Plus tard, les menaces sur l’usine de Poissy forcent la gauche à étendre à l’emploi son aggiornamento économique. Des ouvriers vieillissants jusqu’au premier ministre Pierre Mauroy, tous les protagonistes réorientent leurs positions et voient leur rôle se redéfinir. Sous la houlette de la gauche, les drames de Talbot concrétisent ainsi le passage de la France des derniers élans de l’expansion au redéploiement douloureux des années de rigueur.
  • 20/08/2003, Le modèle social-démocrate en question, Démocratie & Socialisme
    Dans les années 70, les expériences néokeynésiennes du PS français (1981-82) et du PASOK grec (1981-84), poursuivies dans un environnement international hostile, se sont soldées par des échecs. A partir des années 80, la social-démocratie se retrouve sans cadre théorique et programmatique. Au pouvoir dans les années 80, les partis sociaux-démocrates du sud de l’Europe mènent des politiques de déflation compétitive sous la contrainte de la compétition internationale. Le coût social est très lourd (chômage élevé, détérioration du Welfare State et des services publics).
    Dans un permier temps, cette conversion de fait est passée sous silence, voire niée (Lionel Jospin et la "parenthèse de la rigueur" en 1982). Avec le temps et l’arrivée au pouvoir d’une jeune génération de leaders étrangers à la culture social-démocrate traditionnelle (Tony Blair, Gerhard Schröder), le nouveau révisionisme social-démocrate commence à être reconnu et dans certains cas revendiqué.
  • 2003, CHAUVEL Louis, SCHULTHEIS Franz, Le sens d'une dénégation : L'oubli des classes sociales en Allemagne et en France, Mouvements n°26
    Le tournant de la rigueur, l’abandon des politiques interventionnistes par la gauche gouvernementale, l’enterrement de la guerre scolaire, les premiers succès électoraux corrélatifs du Front national, et l’alignement d’une grande partie de la gauche et de ses intellectuels à l’idée d’une disparition des classes sociales et au déclin irrémédiable des enjeux qui allaient avec, etc. sont autant de retournements contemporains. En atteste la production livresque en France où, après avoir culminé avec quarante-cinq ouvrages dans les années soixante-dix (le double des années cinquante, moitié plus que dans les années soixante), le nombre de titres publiés en France contenant le syntagme « classes sociales » s’écroule pour ne plus compter que huit publications dans les années quatre-vingt-dix.
    Il ne s’agit pas simplement du retour en force de l’idéologie d’une droite, qu’elle soit centriste, néolibérale ou extrême, pour qui la fin de la lutte des classes est un puissant argument contre l’interventionnisme public (voir les deux Français sur trois de Valéry Giscard d’Estaing en 1984). Il s’agit du retournement brutal de la plupart des acteurs du consensus précédent (haute fonction publique, fabricants du discours social légitime, gauche centriste, intellectuels même sans statut d’officialité, etc.) et de leur acceptation d’un nouveau discours importé des États-Unis.
  • 20/06/2002, De la fierté a la rage - Comment est-on passé, en vingt ans, de la "classe mobilisée" à la "honte sociale" d'être ouvrier ?, l'Humanité
    D’où aujourd’hui l’importance de revenir à ce qui s’est passé après le tournant de la rigueur pris par la gauche au pouvoir, la découverte des "réalités", etc. En même temps que la montée inexorable du chômage, la réhabilitation de l’entreprise (Tapie, Montand, Minc, etc.) en dit long sur l’intense "travail idéologique" qui a été effectué à cette époque pour changer les structures mentales des individus, la conversion au réalisme, la réinterprétation-liquidation du marxisme.
  • 10/05/2001, Vingt ans, et après…, l'Humanité
    Il y a d’abord le premier septennat, celui des élans populaires, de la Bastille et des plus grands espoirs, celui de l’abolition de la peine de mort et de la culture, celui du retour de ministres communistes au gouvernement. Celui, aussi, des espoirs trahis, celui du tournant de la rigueur, de la conversion à la Bourse et à la "modernisation" capitaliste (Riboud, le père, était déjà là), celui d’un jeu dangereux joué avec le Front national. Les déceptions s’accumulent. Les premiers fossés se creusent entre le pouvoir et sa base populaire.
  • 22/01/2001, Échec des négociations salariales dans la fonction publique, l'Humanité
    Depuis la désindexation des prix sur les salaires du "tournant de la rigueur", en 1983, le point d’indice, qui permet de calculer l’ensemble des salaires des agents, a perdu "10 % de sa valeur", selon les calculs de la CGT.
  • 2001, JUHEM Philippe, Alternances politiques et transformations du champ de l'information en France après 1981, Politix n°56, pp. 185-208
    L'article cherche à mesurer les effets des transformations de l'offre politique des partis de gauche à partir de 1981 et surtout à partir de 1983 et du « tournant de la rigueur » sur les évolutions des lignes éditoriales des journaux alors classés à gauche (Libération, Le Matin de Paris, Le Monde). En modifiant les stratégies indissociablement politiques et commerciales susceptibles d'être menées par les journaux « de gauche » et en amorçant le processus de privatisation de l'audiovisuel, l'arrivée d'un gouvernement socialiste a contribué à affaiblir l'emprise des logiques politiques sur l'orientation des commentaires journalistiques au bénéfice de logiques commerciales. Mais l'évolution de l'offre politique des partis « de gauche » et le processus de neutralisation relative de l'offre journalistique ont aussi contribué à modifier la perception qu'il était possible d'avoir des luttes politiques. Le phénomène connu sous le terme de « déclin des idéologies », dont les manifestations recouvrent à la fois la raréfaction des acteurs se réclamant des thématiques traditionnelles des partis « de gauche » et l'affaiblissement de la propension des agents à y accorder du crédit, loin de constituer un processus historique autonome, issu d'on ne sait quelle « prise de conscience » collective, se révèle au contraire le produit du fonctionnement ordinaire du jeu politique. L'alternance de 1981 n'a donc pas seulement constitué un remaniement conjoncturel de l'organisation des pouvoirs publics mais a entraîné la modification durable des croyances et des représentations politiques des agents.
  • 09/02/1999, Le "procès" qu’on escamote, l'Humanité
    A ne retenir que l’essentiel, je rappelle que le tournant de la rigueur, c’est la répudiation délibérée de l’orientation à gauche sur la base de laquelle avait été acquise la victoire de François Mitterrand à l’élection présidentielle de 1981. C’est notamment la progressive conversion en tous domaines de la politique gouvernementale aux valeurs montantes du néolibéralisme - apologie du marché efficace et de la rentabilité financière, frénésie de privatisation et déréglementation, restriction des budgets sociaux, alignement généralisé des gestions publiques sur les normes capitalistes… philosophie de "gagneur" baptisée "culture de gouvernement" que le sommet de l’Etat entreprend vivement d’inculquer lui-même à tous les hauts cadres des administrations, services publics, secteur nationalisé…
  • 1999, BÉROUD Sophie et CAPDEVIELLE Jacques, La disparition des clivages sociopolitiques en France : l'histoire d'un glissement, Politique et Sociétés n°3
    On observe en France une crise de la représentation politique qui se développe après l'accession de la gauche au pouvoir et le tournant de la «rigueur socialiste». Les manifestations de cette crise sont de deux ordres :
    - Le pourcentage global des voix recueillies par les principaux partis de gouvernement (PS, UDF, RPR) recule continûment au profit des partis dits «protestataires» (extrême-gauche, PCF, écologistes, FN). Aux élections législatives de 1993, le total des voix obtenues par les candidats des partis de gouvernement ne représente plus que 45 % du corps électoral.
    - Dans le même temps, le pourcentage des abstentions, blancs et nuls augmente également, sans que ce soit forcément les mêmes personnes qui s'abstiennent d'une élection à l'autre. Il y avait 19 % d'abstentionnistes en 1978, et 35 % en 1993.
  • 17/11/1997, Au printemps de 1980, à l’occasion de la campagne présidentielle où Georges Marchais est, pour la première fois, le candidat communiste, l'Humanité
    Après l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, quatre ministres communistes - Charles Fiterman, Anicet Le Pors, Jack Ralite, Marcel Rigout - entrent dans le gouvernement de Pierre Mauroy. Après le tournant de la « rigueur » opéré par Jacques Delors en 1983, éclate au grand jour le caractère négatif de l’expérience de la stratégie initiée avec le programme commun. D’autant qu’en juin 1984, avec 11,1% des suffrages exprimés, le Parti communiste français enregistre un nouveau recul à l’occasion des élections européennes, et connaît alors de vives tensions internes.
  • 15/02/1995, Handicap, l'Humanité
    En lançant hier matin : « Je ne veux pas me retrouver dans la situation de 1981-1982 », Lionel Jospin a mis en évidence ce qui constitue le handicap majeur dont souffre sa campagne. Propose-t-il des choix vraiment neufs, mettant en cause la politique monétariste, d’austérité, qu’imposent les fameux critères de Maastricht ? Non, il propose de poursuivre dans la voie choisie en 1983, sous le nom de « tournant de la rigueur ». Il était alors premier secrétaire du Parti socialiste et assuma ce choix.
  • 23/03/1984, Le bilan mitigé de la politique de rigueur, Jalons pour l'histoire du temps présent - INA
    Ce tournant de la rigueur marque une étape fondamentale dans l'histoire du socialisme français qui rompt avec certains de ses principes fondamentaux, en reconnaissant comme irréversibles l'économie de marché et ses lois libérales. Cette politique de rigueur remporte rapidement un certain nombre de succès indéniables. Gravement menacés en 1982, les «grands équilibres» de l'économie française connaissent une nette amélioration à partir du milieu des années 1980. Le ralentissement de l'inflation est spectaculaire (5,8 % en 1985). La réduction des dépenses publiques apparaît également comme un objectif largement atteint. Le commerce extérieur est rééquilibré à partir de 1985-1986.
    En revanche, la rigueur s'avère incapable d'enrayer le développement du chômage, que certaines mesures adoptées par le gouvernement semblent même aux yeux de l'opinion accélérer (restructuration de la sidérurgie en 1984). En 1985, le taux de chômage franchit la barre des 10 % de la population active. Dans ces conditions, la rigueur contribue à couper les socialistes de leur électorat populaire et explique largement leur défaite aux élections législatives de 1986.
  • 29/05/1983, CHEVÈNEMENT Jean-Pierre, Se ressaisir pour réussir, CERES-MRC
    Lors de cette intervention à la Convention nationale du Parti socialiste du 29 mai 1983, Jean-Pierre Chevènement dénoncait la politique de rigueur amorcée par François Mitterrand et Pierre Mauroy et expliquait les raisons de son départ du Gouvernement.
  • 25/03/1983, Le tournant de la rigueur sous le gouvernement Mauroy, Jalons pour l'histoire du temps présent - INA
    Jacques Delors : Nous ne pouvons pas continuer à consommer plus que nous produisons, à acheter plus que nous ne vendons à l'étranger. Depuis trois, quatre ans, la France est dans cette situation. Il faut que cela change, et vite. Il y va de notre indépendance nationale, de la préservation de notre niveau de vie et de la réussite de l'effort que nous faisons pour moderniser notre appareil de production afin de demeurer dans le peloton de tête des nations.
    Journaliste : Est-ce que la purge ne risque pas d'être trop forte ? En d'autres termes, est-ce que les Français ne risquent pas de désépargner pour consommer et que vous en arriviez à des situations opposées à celles que vous souhaitiez ?
    Jacques Delors : Nous avons conçu ces mesures le plus possible en diminuant les déficits publics, le moins possible en demandant directement aux revenus des ménages. Nous avons totalement épargné les revenus les plus modestes. Nous sommes donc toujours dans le droit fil de l'esprit de solidarité qui caractérise la politique du gouvernement depuis mai 1981. Cet effort n'est que provisoire. Il doit être assez massif pour permettre la diminution rapide des importations dans une économie ouverte, sans mesures de protectionnisme. On pense que les Français sont à même de comprendre l'enjeu. Et c'est pour cela que, même en ce qui concerne leurs dépenses à l'étranger, nous leur demandons un effort pour que chacun soit conscient qu'aujourd'hui, le plus important, c'est d'acheter français, d'acheter des produits français, d'acheter des services français. Le plus important, c'est de muscler notre appareil de production de façon à devenir de meilleurs exportateurs.

Dossiers

Revues

Livres

  • ABDELAL Rawi, Capital Rules - The Construction of Global Finance, Harvard University Press, 2007 [Amazon - BooksGoogle - La vie des idées]
    Les artisans de cette «construction de la finance mondiale», ou plus précisément des règles multilatérales qui entendent la régir, sont avant tout des Français - plus étonnant même, des Français socialistes. C'est vers la France, plutôt que vers les Etats-Unis, qu'il faut se tourner pour comprendre la genèse de ces Capital Rules qui forment le bréviaire de la mondialisation financière. Dans chacune des évolutions qu'il décortique, Abdelal trouve des technocrates français de centre gauche ou chrétiens-sociaux dans le rôle pivot : Jacques Delors et Pascal Lamy à Bruxelles, Henri Chavranski à l'OCDE (auquel on pourrait adjoindre Jean-Claude Paye, curieusement ignoré dans Capital Rules), Michel Camdessus au FMI. En creusant l'enchaînement des événements, il lui apparaît que l'expérience des premières années Mitterrand et du «tournant de la rigueur» de 1983 est à la source de la «construction de la finance mondiale» autour des «règles du capital», et que les témoins de cette mutation au ministère des Finances ont ensuite essaimé leur expérience à travers le monde dans leurs postes successifs. Abdelal décrit ainsi la prise de conscience progressive de Pierre Bérégovoy sur les effets du contrôle des changes, qui se révéla être un instrument de répression des classes moyennes plutôt que de contrôle des spéculateurs. Il cite son directeur de cabinet de l'époque, Jean-Charles Naouri : Bérégovoy haïssait l'opacité, les arrangements secrets, les rusés qui se jouaient du système (…) et il en est venu à considérer le contrôle des changes sous cet angle.
    Lire aussi : Le consensus de Paris : la France et les règles de la finance mondiale
  • ATTALI Jacques, Verbatim I. 1981-1986, Fayard, 1993 - LGF Livre de Poche, 1995 [AgoraVox - INA Olivier BARROT - Le Banquet]
  • BACHELAY Guillaume, Désert d'avenir ? Le Parti socialiste 1983-2007, Bruno Leprince, 2007, [L'encyclopédie du socialisme - Revue de presse - l'Humanité]
    La vérité, c’est que depuis le tournant de 1983 chaque socialiste est un contorsionniste multipliant luxations doctrinales et déchirures verbales. Bien sûr, à l’extérieur, pas question de tenir le langage abrupt de l’adaptation ! « Parenthèse de la rigueur », « ni-ni », « ouvertures de capital », « ordre juste », les trouvailles rhétoriques masquent les revirements et les renoncements. Résultat : les catégories populaires et les couches moyennes déclassées ont déserté la gauche. On l’a vu le 21 avril 2002. Rebelote en 2007.
  • FAVIER Pierre, MARTIN-ROLAND Michel, La décennie Mitterrand - 1. Les ruptures (1981-1984), Seuil, 1990 - Points Seuil, 1995
  • LACOUTURE Jean, Mitterrand, une histoire de Français  2. Les vertiges du sommet, Seuil, 1998 [AgoraVox]
  • LANGLET Denis, L'industrie dans la tourmente de la finance, L'Harmattan, 2008 [Amazon - La Sociale]
    L'auteur nous entraîne à la découverte des processus amenant à la domination de la finance privée et de ses critères de gestion sur l'industrie. La puissance des fonds d'investissement et le fameux montage financier d'acquisition avec effet de levier (LBO) sont analysés. Un chapitre est consacré à EADS et sa filiale Airbus. Sont étudiées la dérégulation financière et sociale engagée par les autorités françaises depuis 1982, ainsi que la place de l'Union Européenne dans la politique économique des États membres.
  • TIBERGHIEN Yves, Entrepreneurial States - Reforming Corporate Governance in France, Japan, and Korea, Cornell University Press, 2007 [Amazon - La vie des idées]
    Son approche s’oppose à la perspective dominante en économie, qui explique le caractère quasi-mécanique des transformations en cours par le progrès technique et/ou la mondialisation, processus eux-mêmes inévitables. Dans son analyse du processus de libéralisation financière, Tiberghien met au contraire l’accent sur l’intermédiation par les politiques : les transformations contemporaines des économies nationales – qu’il résume par l’expression « restructuration des entreprises » (corporate restructuring) – est certes le résultat de pressions extérieures, mais ne peut se comprendre sans l’intermédiation volontaire (voire volontariste) des politiques qui procèdent aux réformes structurelles : cela signifie que le renforcement des mécanismes de marché dans des économies coordonnées ne peut se faire sans l’intervention du politique.La libéralisation financière est analysée par Tiberghien à l’aide du concept de « golden bargain  » : elle n’a rien d’un processus automatique mais est le résultat d’un accord donnant-donnant entre d’un côté les investisseurs internationaux qui garantissent l’afflux abondant de capitaux et les gouvernements qui s’engagent à assurer une rentabilité élevé de ce capital par des mesures de dérégulation de l’économie facilitant la restructuration des entreprises.

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Dossier créé le 10/01/2010 et mis à jour le 24/08/2017
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